les soirs d'été
paroles : JEAN-PIERRE CHABROL - musique : JOFROI
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tous droits réservés © JOFROILe front dans les sapins, les pieds dans la rivière
Je me gorgeais de sons, de saveurs, de lumières
Je grandissais l’été, en juin, juillet, en août
Chaque soir entre chien et loup
Mes pères nourriciers furent crapauds, chevesnes
Corneille et les criquets, Racine et La Fontaine
Pour faire mon dessert, je pressais dans mes mains
La menthe du bord des chemins
Un jour, je suis parti, des fourmis plein les quilles
J’ai couru les pays, les guerres et les filles
Mais partout je cherchais sans même m’en douter
L’harmonie de mes soirs d’été
J’ai fêté la St Jean sur la steppe violente
Où les fils de Tarass galopent dans les menthes
Mais j’écoutais en vain, me saoulant de vodka
Le Don paisible à Starodka
Les sapins de l’Arlberg pleuraient comme des saules
À l’heure où Frau Dietrich me griffait les épaules
Mais les vertes senteurs ignoraient notre lit
Marlène aimait le patchouli
Dieu voulait que le chant de mon ruisseau m’attende
Au pays des volcans dans ce torrent d’Islande
Que remontent l’été les saumons en amour
Quand la nuit se prend pour le jour
C’est en plein sahara qu’on voit des crépuscules
Bouleverser le ciel de couleurs majuscules,
Le soleil en jaunit, pour se refaire un brin
Il va chez les américains
J’ai vu des jours mourir, tués à coups de trique
Les couchants égorgés sur l’autel de l’Afrique
Des criquets tout pareils chantaient comme au pays
Mais le ciel n’était plus ami
Malheureux comme Ulysse après de longs voyages
J’ai repris mon cagnard à l’orée du village
Le cul dans mon cresson, les pieds dans mon ruisseau
J’ai voulu rentrer dans ma peau
La crasse et les vernis, j’ai brisé ce qui brille
J’en suis sorti debout, comme d’une coquille !
Je devenais naïf et puissant, j’étais tel
L’enfant qui se croit immortel.