la course folle

paroles et musique : JOFROI
extrait de "bienvenue sur la terre" retour au CD
tous droits réservés © JOFROI

- Venez voir, les enfants, tout ce que je vous ai raconté jusqu’ici, toute l’histoire du monde, tout ça court le long du fil depuis loin, loin... Maintenant, on se rapproche. Nous voilà revenus à dix mille ans d’ici. Dix gros paniers, on se rapproche. Tout semble aller bien, la planète est tranquille, la nature, les animaux... Le temps passe. Les hommes s’installent un peu partout. Ils s’adaptent. Jusque-là, ils vivaient au jour le jour, mais les voyages, les rencontres, changent leur manière de vivre. Ils apprennent à rire, à aimer, à être heureux... et malheureux, aussi. Au lieu de partir toujours plus loin, ils s’arrêtent. Ils s’organisent. Ils pensent à l'avenir. Ils imaginent le futur. Il faut dire qu’ils sont de plus en plus nombreux. Et un jour...
- Ici, c'est chez moi, dit l'un, et je clôture. N'essaie pas d'y mettre le pied !
- Comme tu veux, dit l'autre, je clôture de mon côté, mais je te signale que j'ai la rivière et l'eau !
- Ah non, l'eau est à tout le monde.
- Eh non, c'est fini, ça ! Fallait mieux choisir ton terrain, c'est toi qui a commencé !
Un troisième arrive.
- Excusez-moi, je voudrais passer.
- Tu viens d'où, toi. T'es pas d'ici. C'est interdit aux étrangers.
Il a dans les mains quelques pierres brillantes.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Des pierres magiques, chez nous, on s'en fait des colliers.
- Si tu m'en donnes, je te laisse passer.
- Moi, je te donnerai de l'eau.
L'autre rit.
- Je trouverai bien un autre chemin, et une autre rivière.
Et il est reparti d'où il venait. Les deux premiers l'ont rattrapé, l'ont assommé et lui ont volé ses pierres...
Ils ont inventé l'argent. Ils ont inventé la propriété. Ils ont inventé les frontières. Ils ont inventé la guerre. Ils ont construit des murailles, des châteaux, des cathédrales, des remparts, des citadelles. Ils étaient les êtres les plus intelligents de l'univers. Ils ont commencé à batailler, à s'entretuer. Ils ont dit que c’était pour Dieu, la belle affaire ! Ils sont devenus fous. Ils ont voulu s’enrichir toujours plus ! Tout diriger, être les maîtres du monde... Avoir des armes, des canons, des bombes, pour faire peur ! Bravo ! Arracher les arbres. Brûler les forêts. Finir les réserves. Chapeau ! Faire travailler les autres pour une poignée de riz, pour leur petit confort. La course folle pour le pouvoir et la richesse. Je vous entend déjà dire : « Mais c’est pour ça qu’on court, il faut bien se défendre, quand même. Des méchants, il y en a partout. C’est pour ça qu’on veut être les meilleurs, les plus forts. »